Les gendarmes vont alors décider d’interpeller également l’intéressé. Une fois l’agent municipal en garde à vue, une somme de 800 000 FCFA sera proposée aux pandores par « un généreux donateur » dont l’identité diffère selon les sources. Selon les proches du maire central d’Oyem, « la mairie n’est nullement concernée par cette affaire, le maire n’était nullement au courant au moment du déroulé des faits que vous évoquez. L’argent aurait été réuni par la mère de l’agent infortuné qui, par la suite l’aurait remis aux gendarmes ». Une autre version circule, contredisant en tous points les affirmations des proches du maire. Celle-ci, soutenue par de nombreux Oyémois voire des personnes proches du milieu du renseignement, indique que « l’argent est bien sorti du trésor municipal et déposé aux pandores par un agent de la mairie ». Cette affaire aurait pu s’arrêter là si le procureur de la République ne s’était pas invité aux premières loges de la procédure.
En sa qualité de maître des enquêtes, elle aurait effectué une visite inopinée à la brigade centre et demandé aux agents en poste de lui présenter l’agent municipal théoriquement en garde à vue dans leurs locaux indiqué dans « la main courante ». Sauf que cette demande du procureur ne sera pas satisfaite. Et pour cause l’agent ne se trouvait pas en cellule à ce moment précis. Il avait tout simplement été relâché après que les gendarmes aient reçu l’argent. Le procureur a alors tapé du poing sur la table et exigé que « cette anomalie » soit réparée au plus vite. Dès cet instant, ce sera un branle-bas de combat à la brigade centre d’Oyem. Les pandores qui avaient reçu l’argent ont été priés de le ramener. Ces derniers seraient alors allés déposer l’encombrante enveloppe à la trésorerie municipale. Le trésorier municipal, qui a feint la surprise, aurait, selon un proche du maire, saisi ce dernier pour la conduite à tenir. Le maire, toujours selon ce proche, « a demandé au trésorier de ramener cet argent à la gendarmerie car la mairie n’était en rien concernée par cette affaire qui relève du strict cadre privé ». Sauf que le procureur est bien décidé à faire la lumière sur cette affaire.
Tous les actes de procédure ainsi que l’encombrante enveloppe de 800 000 FCFA sont désormais sous scellés au parquet d’Oyem. Cette enquête tombe au plus mauvais moment pour le maire d’Oyem qui peine depuis bientôt quatre ans à déployer sur le terrain le programme pour lequel ses concitoyens lui ont confié la gestion de leur ville. Au-delà de plusieurs maquettes présentées en guise de projets – centre de loisir de Megaka, grand marché de Ngwema (2 milliards d’investissement), nouvel axe routier entre les quartiers Nfoul et Angone, construction de lotissements… –, la mairie semble beaucoup plus abonnée à la rubrique fait divers.
Le maire a d’ailleurs failli être mis sous les verrous pour destruction de bien d’autrui. Il a eu la vie « sauve » par le fait que la partie civile se soit désistée au dernier moment contre la promesse de la mairie de remettre le bien détruit l’état.